La baisse boursière du Credit Suisse

Afin de « renforcer » la firme, dont le cours de bourse a chuté, le Credit Suisse a annoncé jeudi 16 mars qu’il emprunterait jusqu’à 50 milliards de francs suisses (50,7 milliards d’euros) à la Banque nationale suisse dans un avenir proche. La banque a également lancé une série d’opérations de rachat de créances pour environ 3 milliards de francs suisses dans le même temps.

Ulrich Koerner, directeur général de la banque, a déclaré dans un communiqué : « Ces initiatives sont une étape importante pour renforcer le Credit Suisse alors que nous poursuivons notre transformation stratégique pour créer de la valeur pour nos clients et d’autres parties prenantes.

L’action Credit Suisse de la banque a connu mercredi sa plus forte baisse jamais enregistrée, chutant de 24,24% pour clôturer à 1,697 franc suisse. Le cours de l’action de l’institution a chuté de 30%, à 1,55 franc suisse, en raison de la perception qu’elle était le maillon faible du secteur bancaire suisse.

Le président du Credit Suisse, Axel Lehmann, a informé les participants à une conférence bancaire en Arabie saoudite que la banque n’avait pas besoin de l’aide du gouvernement. Il a souligné que la banque s’appuie sur des « ratios financiers solides » et a déclaré que le sujet n’était « pas un problème », mais il n’a pas été en mesure d’apaiser les marchés, qui étaient extrêmement inquiets face à tout signe de faiblesse du secteur bancaire.

L’inquiétude, quant à elle, dépasse les limites de la nation alpine. Les déboires du Credit Suisse, qui ont ravivé les inquiétudes quant à la stabilité financière suite à la faillite de la banque américaine Silicon Valley Bank, ont de nouveau provoqué une chute vertigineuse des bourses européennes.*

La baisse boursière du Credit Suisse

Les couleurs sont revenues à Wall Street.

Les actions du Credit Suisse ont contribué à son déclin à plus d’un titre. Les actions bancaires européennes, dont Deutsche Bank, Commerzbank, Société Générale, BNP Paribas, Banco Sabadell et Banca Monte dei Paschi, ont toutes chuté de plus de 10 % en raison d’un effet domino.

Elisabeth Borne, la première ministre française, a déclaré au Sénat qu’il était « de leur obligation » pour le gouvernement suisse de régler les problèmes du Credit Suisse. Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, « ferait une communication avec son collègue suisse dans les prochaines heures », a ajouté Mme Borne dans sa mise au point. Selon une porte-parole, le département du Trésor américain (le ministère de l’Économie et des Finances) est en contact avec des collègues d’autres pays au sujet du Credit Suisse et garde un œil sur la question.

Après une longue période de silence, la banque centrale suisse et le régulateur des marchés financiers ont déclaré mercredi que le Credit Suisse « respecte les normes de capital et de liquidité imposées aux banques d’importance systémique ». La [Banque nationale suisse] fournira des liquidités au Credit Suisse si nécessaire. Suite à cette révélation, Wall Street a rebondi et minimisé les dégâts.

En revanche, jeudi, les bourses en Chine et au Japon sont parties très en baisse.

Les couleurs sont revenues à Wall Street.

Un pilier du quartier financier suisse

Mercredi en milieu d’après-midi, la banque affichait une valeur boursière d’un peu plus de 7,3 milliards de francs. Cette chute brutale du cours de l’action a été déclenchée par les propos tenus par le président de la Banque nationale saoudienne (BNS), le principal actionnaire du Credit Suisse. En rejoignant le capital de la banque en novembre, les Saoudiens ont sauvé l’institution. Mais, la BNS « n’a absolument pas l’intention » d’y investir davantage pour « de nombreuses raisons », selon son président Ammar AlKhudairy.

Il a énuméré le premier en tant que préoccupations « réglementaires ». 9,8% de la société est détenue par la Banque nationale saoudienne. Mais, selon la législation suisse, la Finma, l’organisme suisse de surveillance du marché, devrait prendre la décision si elle dépasse 10 %. Al Khudairy s’est dit satisfait du plan de restructuration du Credit Suisse dans un entretien avec Reuters, qualifiant la banque d’institution « très stable ».

Le Credit Suisse, qui a été créé en 1856, est une pierre angulaire du centre financier suisse et a contribué à la croissance d’entreprises d’assurance comme Swiss Re et Swiss Life ainsi qu’au financement d’importantes entreprises industrielles suisses, y compris le précurseur d’ABB.

Avec la faillite de l’institution financière britannique Greensill en 2021, qui a marqué le début d’une série de scandales qui ont paralysé la banque, il y a eu des troubles à l’intérieur de la banque. L’action a perdu plus de 83% de sa valeur depuis mars 2021. Selon Jane Foley de Rabobank, « la pression sur le Credit Suisse a frappé un marché déjà tendu » (AFP).

Les investisseurs sont préoccupés par le potentiel de contagion provoqué par la faillite de la Silicon Valley Bank, ainsi leurs paroles ont une résonance résonnante. Selon l’analyse de marché de Neil Wilson, analyste chez Finalto, les investisseurs semblent de plus en plus inquiets. Pourtant, « nous serions confrontés à quelque chose d’un tout autre niveau » si le Credit Suisse devait connaître des « troubles existentiels ». Il a dit : « C’est trop crucial pour lâcher prise.

Le Credit Suisse, contrairement à la Silicon Valley Bank, est l’une des 30 banques généralement considérées comme trop grandes pour faire faillite, ce qui lui impose des règles plus strictes en ces temps difficiles. La banque centrale suisse, qui n’a pas encore répondu lorsqu’elle a été contactée par l’AFP, s’est refusée à tout commentaire.

Dans un effort de redressement, le Credit Suisse a lancé un important programme de restructuration en octobre. Cependant, d’autres actionnaires ont finalement choisi de prendre leurs distances avec la société, comme la société d’investissement américaine Harris Associates, qui était auparavant le principal actionnaire et a récemment révélé qu’elle avait vendu la totalité de sa participation dans la banque.

Au milieu des retraits d’espèces généralisés des clients, la banque a fait état début février d’une perte nette de 7,3 milliards de francs suisses (près de 7,4 milliards d’euros) pour l’exercice 2022. Et avait émis un avertissement pour toujours anticiper une perte avant impôt.

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